Elle l'attendait

Des années qu'elle ne l'avait pas fait.

Des années qu'elle n'avait pas eu la sensation qu'un homme la désire.

Des années qu'elle n'avait pas ressentis ces frissons dans le cou pendant l'orgasme.

Des années.

Bien sûr qu'elle y va de ses petits plaisirs solitaires. 

Elle connaît son corps par coeur. Elle sait comment se faire jouir en une minute vingt-trois. Et ça, même sans vidéo xxx, juste dans sa tête. Elle le sait, elle l'a chronométré.

Elle sait à quel moment de la journée son corps est plus apte au plaisir. Elle sait aussi que le jet puissant de son pommeau de douche haute pression à cinq réglages fait des miracles. Elle augmente graduellement la pression sur son sexe et ça lui fait atteindre le septième ciel encore plus rapidement. Vite fait, bien fait, comme on dit. On est rarement mieux servi que par soi-même.

Ses séances de masturbation deviennent de plus en plus débauchées, seule dans son lit king. Elle s'amuse et dort dans des draps de satin gris foncé style «grand hotel», se laissant glisser vers l'extase. Elle a essayé tous les lubrifiants spéciaux, gel chauffant ou à l'aloès, tous les dildos, du plus réaliste au modèle à ventouse, tous les jouets vibrants du marché, du p'tit lapin à celui qu'elle peut gérer sur son cell. J'exagère à peine.

Mais quand la chair d'une autre personne te manque à ce point, quand juste de penser à l'odeur d'une autre personne te rends folle, il y a ce moment où tu éclates. Ce moment où tu n'en peux plus. 

Elle n'en peut plus.

Elle n'est pas le genre de fille à faire des one-night stand, sinon c'est certain qu'elle l'aurait déjà fait. Elle se serait jeté dans les bras de plus d'un, la bouche grande ouverte, les jambes écartées espérant secrètement un jour trouver l'homme de sa vie.

Mais dans son lit ce soir, dans son grand condo de la rue Gounod, elle est seule et rêve d'un homme près d'elle.

Elle l'a trouvé sur un site de rencontre. Le genre de site qu'on ne recommande pas au dix-huit ans et moins. C'est un site pour adultes, pour des rencontres coquines comme on dit.

Le matin même, elle avait pris la peine de mettre ses plus beaux dessous. D'un geste peu assuré, elle avait posé son cellulaire sur la table du salon face à elle et avait activé le retardateur. Dix secondes. Dix secondes pour prendre une pose suggestive mais pas trop. Dix secondes pour se mettre en valeur. Dix secondes pour montrer son corps caché aux autres depuis si - trop - longtemps. Dix secondes à réfléchir à ce qu'elle était en train de faire, la chair de poule sur sa peau exposée. Dix secondes pour se lancer dans le vide, à se faire regarder par des yeux inconnus.

La dentelle de ses sous-vêtements noirs mettait en valeur ses courbes voluptueuses. Invitantes. Séduisantes. Elle devait agir sans attendre, avant de se dégonfler. Elle est allée sur le-dit site, histoire de tenter le diable. Elle espérait trouver l'homme qui allait avoir les bons mots. Une belle gueule aussi, il va sans dire.

Il est arrivé peu après dix-neuf heures, une bouteille de Meinklang Kontakt à la main, fraîche. C'était la première fois qu'elle osait inviter un inconnu chez elle. Elle avait tout planifié de sa tenu, de la musique qui joue, de l'odeur de la chandelle allumée. Elle avait pris soin d'avertir son amie du nom de cet homme avec son numéro de téléphone et la photo de son profil, on est jamais trop prudent.

Elle avait tout planifié sauf d'être autant bouche-bée à son arrivé. Il y avait si longtemps qu'un homme n'était pas venu pour la voir elle, à quoi s'attendait-elle? Mais pas de pas en arrière, il lui fallait ce mec. Il lui fallait briser les barrières, il lui fallait laisser tomber cette chasteté, ce désir accumulé. Il lui fallait la verge d'un homme viril en elle lui raclant l'intérieur. Elle avait envie d'une bite juste pour elle, pour la perforer de bonheur. 

Elle en avait tellement envie que les mots les plus crus apparaissaient dans sa tête. Et putain ce mec avait une aussi belle gueule en vrai qu'en photo. Quelle satisfaction.

Elle sortie deux verres à vin et ils allèrent s'assoir au salon. Il sentait bon. Il sentait une odeur enivrante d'un parfum qui lui aurait fait tourner la tête dans la rue. Ralph Lauren polo blue qu'il lui précisa. Il avait un regard perçant sous ses lunettes noires. Un genre de Clark Kent qui une fois les lunettes enlevées, devenait un super-héros.

C'était un français, avec un accent à craquer. Les cheveux un peu en bataille, les yeux doux. Environ six pieds, la chemise blanche bien ajustée. Le genre de gars qui a presque l'air d'un ange mais qui une fois la nuit tombé, devient magnétique. C'est toujours eux les meilleurs. L'air si gentil. Et au lit, il te ramasse comme c'est pas possible.

Il était si près d'elle. Son bras était posé sur le dossier du sofa. Il l'étira un peu plus pour lui attraper une mèche de cheveux, qu'il enroulait autour de ses doigts, tout en buvant son verre de vin.

Elle était si fébrile, presque tourmentée.

Il se pencha vers elle pour l'embrasser passionnément et elle se laissa guider naturellement. Il lui passait ses mains dans les cheveux, elle laissait tomber sa tête vers l'arrière. Il s'en prenait alors à son cou, à l'échancrure de sa blouse, au coin si doux juste en dessous de son oreille. Ses lèvres découvraient le haut de son corps, de son front jusqu'au bout de ses doigts. Il la désirait, enflammé. Elle le désirait tout autant.

Sur des pas légers mais rapides, ils allèrent vers la chambre, pour se poser dans le grand lit king au draps de satin gris foncé style «grand hotel». Il la combla.

De ses mains déterminées, il la déshabilla. Il fit de même. Étendus l'un contre l'autre sur le matelas, elle se sentait fiévreuse. Il se dirigea sans hésiter vers son sexe, impatient. Il plaqua sa langue entière sur ses lèvres et la lécha de bas en haut. Il la goûtait avec appétit, profitait de ses arômes iodés et de son léger goût de la mer. Le bout de sa langue découvrit son clitoris et l'exposa à la lumière du jour. Il le suça avec justesse, juste ce qu'il faut pour la faire jouir une première fois. 

Débordante d'endorphines, elle avait le sourire aux lèvres.

Le feu s'emparait d'elle. Elle s'agenouilla devant lui. Il était alors sur les genoux, la queue bien bandée entre les jambes, pointant le ciel. Elle l'empoigna de sa main droite. Sans résister, il se laissa aspiré dans sa bouche affamée. Elle n'avait pas pris en bouche aucun homme depuis tellement de temps, et pourtant elle adorait ça.

Elle profitait de ce membre tendu sur son palais, le léchant goulument et rapidement. C'était comme si elle avait un repas cinq étoiles devant elle, un buffet libre service et elle pouvait en prendre comme elle voulait. C'était la section dessert et elle voulait s'en mettre plein la gueule. Et c'est ce qu'elle fit. Elle le suça comme si c'était la première fois. C'était aussi bon que dans ses souvenirs. Il gémissait d'admiration devant tant d'appétit et de dévouement. Elle lui léchait les couilles une après l'autre, revenant ensuite à sa queue en utilisant sa main dans des mouvements de va-et-vient. Quel pied. Quel jeu!

Sur le point de jouir, il la repoussa sur le dos et après s'être assuré qu'elle était bien lubrifiée, il s'inséra en elle. Comme sa chatte était bonne et serrée. Elle appréciait chaque coup que son dard donnait en elle. Il profitait de la vue de ses seins qui se balançaient au rythme de ses assauts. Il pris ses tétons entre ses doigts et s'appliqua à les laper, à les faire durcir tout en soutenant sa lutte en elle.

Les yeux fermés, la bouche ouverte par le plaisir, muette par tant de sensations, elle senti l'orgasme arriver avec puissance et elle se laissa aller dans un presque rugissement. Il se retira alors d'elle et laissa éclabousser tout son sperme sur son corps à fleur de peau.

Alors, dans ses draps de satin gris foncé style «grand hotel», elle se senti femme, satisfaite, et délivrée.